JULIEN DEVEMY

Collaboration avec l’artiste queer Julien Devemy, ancien vice-président d’Act Up-Paris

Julien et moi venons de cultures différentes et géographiquement éloignés. Notre rencontre et notre relation racontent bien plus qu'une histoire d'amour et d’amitié. Elle parle précisément d’intersectionnalité ou de transversalité des vies et des parcours. Car ce n’est peut-être pas tant notre homosexualité qui nous a rapprochés, que notre façon “d’habiter le monde” et d’avoir conscience d’être et de vivre chacun à la croisée de plusieurs identités, et la conscience de la dimension politique que cela comportait.

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“Si tu penses comme moi, tu es mon frère. Si tu ne penses pas comme moi, tu es deux fois mon frère, car tu m'ouvres un autre monde.” Amadou Hampâté Bâ

Pour cette exposition, j’ ai souhaité mettre l’accent sur le dialogue constant entre intime et collectif, constitutif de mon travail. Un aller-retour entre le je et le nous qui traverse ma démarche.

C’est à ce titre que j’ ai voulu partager cette invitation du Palais de Tokyo avec Julien Devémy avec qui j’ entretiens un dialogue né il y a plus de 20 ans, issu d’une relation amicale puis amoureuse, qui fut aussi professionnelle et activiste, puis familiale et aujourd’hui artistique.

Nous avons tous deux des trajectoires personnelles et artistiques différentes. De ce fait, notre rencontre et notre relation nous semblent raconter autre chose de l'intersectionnalité, en ce qu’elle amène à se croiser des vies et des parcours pourtant éloignés. La lutte contre le sida a créé des espaces en ce sens. Et, Act Up en était un. Face à la tragédie du sida, la nécessité de faire front, de faire famille, de faire corps tout en revendiquant spécificités et singularités respectives.

Par les moyens de l’Art, le queer et le panafricanisme nous semblent continuer à être pertinents, s’ils appellent une exigence de questionnement, une volonté de maintenir un regard oblique sur le monde, s’ils invitent à prendre le temps de réinvestir la marge et la singularité.

C'est en ce sens aussi que nous avons voulu ensemble investir le champ de l'Art ; comme nous nous étions réappropriés plus tôt notre rapport à la sexualité, à la famille, ou au politique.

Le sida a ouvert un dialogue constant et irréversible a de multiples niveaux: sociétal, politique, artistique, et humain. Se pose maintenant pour nous la question de la transmission, de la réactualisation et de la réappropriation de sa résonance aujourd'hui.

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https://www.yejilund.com