MUCEM

Depuis son ouverture en 2013, le Musée des civilisations de l’Europe et de la méditerranée (Mucem) s’est engagé dans une programmation d’expositions que l’on pourrait qualifier « de société » car elles visent à décrire et analyser les cultures et sociétés contemporaines d’Europe et de Méditerranée. Parmi ces expositions, nous pouvons citer Au Bazar du genre (2013), Lieux saints partagés (2015), Vies d’ordures (2017) ou Nous sommes Foot (2017). D’autres expositions sont en cours d’élaboration, qui s’intéresseront à l’identité Romani ou à l’histoire sociale du VIH-sida dont il sera plus précisément question dans cet article.
De telles expositions cherchent à rendre intelligibles des constructions, des normes, des valeurs sociales, symboliques, religieuses, économiques, politiques et culturelles autant que des rapports de domination ou d’invisibilisation. Leur rôle est de s’attaquer à des thématiques dites « sensibles » (Gonseth, 2012), pour proposer des espaces de confrontation des points de vue voire du conflit1. Néanmoins, l’exposition, à l’instar de l’écriture ethnographique, est une mise en scène de vérités partielles (Clifford, 1986)2. Comment dès lors, poser les bonnes questions ? Comment s’assurer de ne pas rajouter de la controverse dans le traitement d’un sujet délicat ? Comment atténuer l’évidente subjectivité des concepteurs d’expositions ? Le faut-il vraiment ? Au Mucem, pour répondre à ces questions, les projets peuvent s’appuyer sur la mise en place de séminaires scientifiques et de programmes d’enquête-collecte sur le terrain.

Ce temps de préparation vise à la fois à nourrir le projet d’exposition, structurer le propos et soulever les premiers questionnements liés à la mise en scène. Un autre outil est celui de la participation, dans les phases de conception du projet. Dans le cadre d’un projet qui cherche à représenter l’histoire sociale du VIH-sida, travailler sans les personnes concernées, alors que l’histoire des luttes contre le virus est traversée par leur implication, serait un non-sens. Comment, toutefois inclure leurs paroles ? Quelle place leur donner ? Quel engagement fournir ? Cela fait plus de 20 ans que ces questions se posent, depuis que le Musée national des Arts et Traditions Populaires (MnATP) a commencé à s’interroger sur le rôle qu’il pouvait jouer dans la prise en compte de l’épidémie (Abriol et Loux, 2002). Au Mucem, nous continuons aujourd’hui à nous questionner, tout en avançant, dans la perspective d’une exposition prévue pour 2021.

Référence
Florent Molle, « Construire une exposition sur l’histoire sociale du VIH-sida au Mucem », La Lettre de l’OCIM [En ligne], 183 | 2019, mis en ligne le 01 juin 2020. URL : http://journals.openediti...2473 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ocim.2473

Mucem : Le direct « VIH/sida, l'épidémie n'est pas finie ! » :
https://www.youtube.com/watch?v=-xzQaywNOCs