chiquito

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La fin de l'innocence

Dans les années 80, j’avais 20 ans, je vivais entre la France et l'Afrique, et j’étais homoparent. Cette série raconte mon histoire, ma contribution aux luttes contre la déshumanisation et ma vision du monde.

Chiquito, c'est le surnom que mon arrière grand-mère maternelle m'a donné. Je suis né dans un corps à la croisée de plusieurs oppressions systémiques : Racisme, néo-colonialisme et homophobie. Mon engagement militant et artistique en sont le fruit.

Le décès de mon père, premier journaliste politique congolais et fervent anticolonialiste, en 1983 alors que j'étais adolescent, fut le déclencheur de mon envie d'agir concrètement contre les inégalités. Cela m'amènera à considérer la désobéissance civile comme un devoir.

Mais si c’est là que je situe la naissance de ma prise de conscience, je sais en revanche avec certitude que très jeune enfant déjà j’avais en moi ce sentiment de révolte et de colère face à l’injustice. Et ce, d'abord en raison de mon expression de genre et de ce que cela engendrait dans mon quotidien. Et ensuite en raison de ma couleur de peau. Je ressentais le rejet et le mépris, sans comprendre pourquoi, sans pouvoir mettre de mots.

Je ne savais pas encore qu’être à la fois africain, noir, efféminé et homosexuel c’était trop pour un seul et même être humain. Beaucoup trop. Et que l’histoire m’avait déjà condamné et assigné à l’obéissance, l'indignité et à l'infériorité.

C'est ce que j'ai refusé, et toute ma vie a été une révolte contre toutes injonctions déshumanisantes, et principalement celles de la dite "normalité" excluante.

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"Il y a des années qui apportent des questions et des années qui apportent des réponses." Zora Neale Hurston